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Liminaire au CSE Siège

18 septembre 2024

Après la parenthèse enchantée, le dur retour à la réalité à FTV

 
   

Déni du dialogue social et souffrance des salariés, un système de gouvernance

 

FTV c’est comme au théâtre ou à l’opéra, il y a la scène et les coulisses, avec ses machineries et ses travailleurs de l’ombre.

Cet été, côté scène, le public a été gâté : du sport et de la politique, de l’émotion, du suspens, des rebondissements, de la joie, des images somptueuses, la fête, les médailles, de l’or, la nation à nouveau rassemblée, fière de ses champions et de sa capitale…

Côté coulisses, en revanche, pour faire tourner à plein régime la salle des machines, les travailleurs de l’ombre en ont bavé.

Horaires à rallonges, vacances annulées ou reportées… pour autant, les salariés ont montré leur vaillance : leur motivation professionnelle et leurs compétences sont, comme toujours, LA clef de la réussite des « spectacles » de cet été. Il faut leur rendre hommage.

Mais revenons à cette rentrée.

Une fois la « parenthèse enchantée » des olympiades refermée, place aux dures réalités !

La première, et ce n’est pas une nouveauté, c’est que donner un sens concret à la notion de « dialogue social » n’est pas dans les plans à court, moyen ou long terme de cette présidence et de cette direction.

Tenez, prenez cette fameuse conférence de presse organisée dans le hall de MFTV, qui a été l’occasion pour la direction d’annoncer que désormais l’édition nationale du 20h produite au siège passe de trente minutes à une heure.

Trente minutes à une heure ? Doublement de la durée, ce n’est pas rien ça …

Le dialogue social, c’eût été qu’on en informe les élus du CSE et les organisations syndicales, qu’il y ait des échanges et qu’on en parle aux équipes impliquées…Mais rien de tout ça !

Alors délit d’entrave ? « Pas du tout », répond la direction, interpellée par les représentants de proximité lors de l’Instance de la semaine dernière.

« C’est une décision éditoriale », nous explique-t-on, « qui n’a aucune conséquence sur les vacations ou la charge de travail ».

Ah bon ? De l’aveu même du directeur de l’information : « Des sujets plus longs, plus de reportages, plus de journalistes de terrain sur le plateau, plus de vérifications et d’investigations, plus d’experts et de spécialistes, plus d’invités ». On peut en discuter ?

À France Info canal 27, un nouveau directeur a été nommé en juillet, la grille de rentrée, elle, n’a été présentée aux équipes que fin août. À cette occasion, la direction avait prévu une réunion, en présentiel, sans penser aux nombreux salariés absents : pas de VISIO pour partager avec le plus grand nombre… Alors que les annonces ne sont pas sans importance : France info TV devient une chaîne de talk ! Oublié l’ADN tant défendu : où est donc passé la volonté de faire de France Info canal 27 une chaîne d’information « différente », ce fameux « pas de côté » ?
Qu’en pensent les salariés ?

En attendant ces derniers souffrent.

Fatigués par des décisions qui les malmènent sans concertation, épuisés par une direction qui reste sourde à leurs légitimes demandes.
Alors dans ce chaos, ils tombent en arrêt maladie. Parfois, comme cet été, au CDE, en pleine fiesta olympique, c’est le manager lui-même qui, sans vergogne, suggère cette solution.
On atteint le summum de l’hypocrisie.

C’est l’autre réalité de cette rentrée, rien n’arrête la direction, pas même son obligation d’assurer la santé de ses salariés.

Donc si FTV est de moins en moins producteur audiovisuel, elle tient de plus en plus haut la barre de la production de souffrance au travail.

Pour celles et ceux qui les auraient ratés, voici un replay, un best of, des meilleurs épisodes de l’été au Siège… produits en interne et en coulisses.

Au « CDE », les épisodes précédents ont mis en valeur le malaise des chefs de chaîne, la souffrance à la Media FACTORY, mais voilà l’épisode surprise de l’été : la révélation du naufrage de la cellule préparation diffusion, tout petit collectif de six salariés.

Nous y reviendrons bientôt plus en détail, sans doute après le travail de la CSSCT, qui a été saisie, mais en voici le pitch : refonte du CDE et création ex-nihilo de cette cellule, mais les salariés sont livrés à eux-mêmes, en particulier les gestionnaires de conduite d’antenne, sous employés par rapport à une fiche de poste fraîchement pondue par la direction ; malaise croissant …arrêts maladies…

Un manager et une RRH qui ne respectent pas les préconisations du médecin du travail pour deux des salariés, l’inspection du travail qui est saisie et qui demande le respect des préconisations et… résultat : RIEN ! Aucun changement, toujours pas de prise en compte des préconisations médicales.

Alors, quand on sait qu’un des salariés concernés est RQTH, on rit jaune en pensant au dernier CSE, celui de juillet, où la direction est venue vanter son bilan sur le plan de la prise en compte et la prévention du handicap dans l’entreprise…

À noter que cet épisode se termine sur la séquence choquante de la DRH du secteur, qui ne prend pas la peine de répondre à un DSC qui lui demande un rendez-vous fin août pour faire le point sur le dossier. À suivre donc.

Dans la série « équipes légères du siège », souffrance au climax chez les salariés. Convocation chez la DRH qui veut savoir pourquoi la plupart des salariés refuse leur nouvelle affectation sur les plateaux et en régie, eux qui ont passé leur vie au grand air sur le terrain à recueillir paroles, images et sons aux quatre coins du monde.

Là aussi, inspection du travail saisie et courrier instantanément mis au panier par la direction.

Désolé de divulgâcher, mais cet épisode se termine par 2 arrêts maladies et une menace de licenciement.

Dans la série « rédaction nationale » (beaucoup de saisons dans cette série) : après la dissolution de la rédaction nationale de France 3, l’éradication des éditions nationales, Tempo, ICI…la mise à l’écart des membres de la courageuse SDJ appelant à un front uni des médias contre l’extrême droite, a été un moment fort de l’été…

Plus globalement rien ne change : les ex-France 3 sont toujours malmenés, un petit noyau essaie tant bien que mal de faire valoir le droit à penser différemment, la direction leur fait payer en les bloquant dans leur carrière professionnelle. Désespérant !

Et puis, cette mini-série finalement devenue une série à part entière grâce à l’inefficacité de la direction : celle du « service IV3 et FTR à Vaise ».

Le problème est connu, c’est le manager, mais il est soutenu par le directeur de l’information. Pendant ce temps les salariés trinquent.

Dans l’épisode de cet été, on a vu une nouvelle alerte intersyndicale : aucune réaction de la direction. Toujours le même déséquilibre de la charge de travail à IV3, une angoisse totale des salariés à FTR sur leur avenir et dans chacune des deux entités, un rédacteur en chef en arrêt maladie long.

Une série qui monte en puissance, elle n’est pas nouvelle mais promet d’être passionnante. Il faut dire que les protagonistes ont de la trempe.

Les documentalistes du siège. Un collectif, largement féminin, dont le métier et les compétences ont énormément évolué depuis quinze ans, mais qui n’en ont ni la reconnaissance fonctionnelle ni salariale.

L’épisode de cet été se termine sur une grève suivie par 100% des salariés.

(Ici aussi on passe sur la séquence du même DSC qui alerte la direction durant l’été demandant les remplacements des arrêts maladie dans le contexte de charge de travail hyper tendue, alerte restée bien entendu sans réponse).

Enfin, une série de dernière minute : elle est actuellement en production et s’intitule Genesys.

Elle concerne notamment la refonte prochaine de l’ensemble des régies du Siège.

Après l’interminable Open Media, et le difficile Sherlock (dont les effets perdurent …) la nouvelle série sur le thème, « la transition technologique, on l’aime ou on la quitte » promet d’être riche en drames et en souffrances.

Voilà, le temps nous manque, et nous en avons sans doute oublié.

Mais l’essentiel est dit : les décisions unilatérales et sans écoute, qui déstabilisent les salariés en niant leur rôle dans l’entreprise, sont un moyen de gouvernance à FTV.

Face à ce sombre tableau, nous salariés, représentants des salariés, nous pourrions perdre espoir.

Mais non.

De plus en plus, FTV ne peut plus impunément maltraiter ses salariés sans se voir sanctionner, par les juges des prudhommes, mais aussi par l’assurance maladie.

Cet été effectivement, deux arrêts maladies liés à la maltraitance par la direction ont été confirmés en accident du travail, et certains avocats n’hésitent pas à attaquer à titre personnel certain membre de la direction pour que le mal-être change de camp.

C’est important, symbolique et grave : oui cela confirme que, aujourd’hui, la direction est dangereuse, le management et la gestion humaine sont à revoir.

Il y a des méthodes à proscrire, et sans doute, la CGT n’a pas peur de le dire, il y a des personnes incompétentes et toxiques à écarter et à remplacer de toute urgence.

Paris, le 18 septembre 2024

 

 

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