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Gaza « Côte d’Azur » et si c’était possible, c’est le bandeau que les téléspectateurs de franceinfo: ont pu admirer mercredi 5 février, aux alentours de 22h25 durant plusieurs minutes.

Un choix éditorial stupéfiant

Mais qui a eu cette idée de lancer un débat sur la faisabilité de transformer Gaza en « Côte d’Azur » et d’inviter un professionnel du tourisme pour nous en parler ?

Dès le début, le ton est donné par le présentateur : « on va laisser la politique de côté pour un instant… » comme si parler de la déportation de 2,2 millions de citoyens pouvait être lu avec un autre prisme que « politique… » 

Mais la suite est encore plus savoureuse : « On vous a invité ce soir afin de vérifier si cette proposition de Trump a vocation à exister sur le plan économique… La bande Gaza a des atouts, on l’a déjà dit ! »

Mettons le crime contre l’humanité de côté, sur Fox Info, parlons du fric !

Et puis ces atouts de la bande de Gaza déjà évoqués, dommage de ne pas en dire plus. C’est tellement frustrant !

C’est vrai qu’avec une des plus fortes densités de population au monde, un PIB de 55 $ par habitant (France, 44 460 $ en 2023), 70 % des bâtiments détruits, plus 60 000 morts depuis le 7 octobre 2023, l’endroit fait rêver, incontestablement, il a des atouts. Et puis n’oublions pas les 139 confrères journalistes tués pour couvrir ce conflit. Un détail…

La réponse de l’invité est du même niveau, c’est-à-dire au ras du caniveau.

« On peut être satisfait que le président Trump prenne l’exemple de la France en parlant de « Riviera ».

Si au bout de cette longue séquence, le téléspectateur n’avait pas encore été pris de vomissements, il aura pu entendre ce parallèle de la bouche d’un soi-disant professionnel du tourisme : « Mais le touriste aime la sécurité, par exemple, la grève des poubelles à Paris a provoqué une cascade d’annulations… » Faire un parallèle entre les poubelles et les centaines de milliers de tonnes de bombes déversées sur Gaza. Paroles de pro !

Nous n’allons pas vous retranscrire mots pour mots la séquence, on aimerait bien vous dire d’aller la visionner en replay, mais curieusement, elle n’est plus disponible en ligne…

La direction a-t-elle quelque chose à cacher ?

Tout le monde a encore en mémoire les 20 secondes du mot « otage » qui a conduit la direction à agir « comme des Lucky Luke » et à suspendre un rédacteur en chef immédiatement. C’était il y a seulement 2 semaines.

Les dégâts de la course à l’audimat

Voilà des mois que les salariés de France Info dénoncent la transformation éditoriale de leur chaîne depuis la rentrée de septembre : des talk-show au détriment de l’info. Un choix avant tout motivé, selon ses promoteurs, par la recherche prioritaire de l’accroissement des audiences. Et tant pis si pour cela des salariés sous pression finissent par perdre le recul nécessaire, le tout dans un contexte d’effervescence supplémentaire depuis l’annonce de l’Arcom du passage prochain de franceinfo: du canal 27 vers le canal 16 de la TNT. Au regard de l’attention dont jouit depuis deux semaines l’antenne de la chaîne, c’est incontestablement une réussite éclatante ! Depuis peu, tout le monde parle de franceinfo:…

Cette séquence doit signer la fin de cette orientation désastreuse !

La CGT ne réclame aucune tête, et encore moins celle de responsables opérationnels, aujourd’hui mortifiés, qui n’ont aucun pouvoir décisionnaire sur l’évolution éditoriale de l’ensemble de la chaine. Cependant, la direction ne peut pas nous faire le coup une fois de plus de « circuler il n’y a rien à voir », d’un « 2 poids 2 mesures » dont elle a pris l’habitude, et si quelque chose doit changer c’est l’abandon de la prise en compte des audiences comme boussole principale. 

Cette séquence, qui risque de jeter le discrédit sur toute une rédaction ne peut pas être justifiée par une simple erreur humaine, une faute isolée.

Elle a été programmée, écrite, pensée, un invité a été contacté, finalement c’est la perte de lucidité qui est la plus effrayante. C’est le résultat d’une ligne éditoriale qui part à la dérive, des choix d’une direction de l’information qui, lancée dans une quête d’audimat vaine et contreproductive, a surtout réussi à propulser des salarié.es dans le mur et à créer les conditions d’un bad buzz terrible pour la crédibilité de la chaîne.

Pour la CGT cela doit cesser !

 

Paris, le 7 février 2025

 

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