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Un article, publié sur le site France 3-Ile-de-France, à propos de la commémoration du 7 octobre pose de graves problèmes déontologiques, mais il semble laisser la direction totalement indifférente.

Affublé d’un titre à rallonge, « On pense à ceux qui sont revenus, à ceux qui ne reviendront jamais, et à ceux qu’on espère encore. Paris commémore les victimes du 7 octobre », cet article est clairement communautariste. Il n’adopte qu’un seul point de vue, celui d’une communauté juive qui se sent légitimement meurtrie par ce massacre, mais sans jamais le restituer dans un conflit plus large. Il reprend pour une bonne part les thèses du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), qui prétend représenter l’ensemble des Juifs de France, ce qui est loin d’être le cas.

Un article aussi communautariste s’agissant d’autres minorités en France, et notamment de la minorité musulmane, ne serait jamais passé sur FTV. Et à juste titre.

L’artifice, qui se voit comme un éléphant au milieu de la pièce, consiste à se servir des interviews pour faire passer des messages biaisés, ou des informations fausses, sans jamais les contredire ou les nuancer.

Une des personnes interviewées parle des enfants Bibas « tués à main nue » alors qu’ils étaient otages du Hamas. Il s’agit d’une information de l’armée israélienne qui n’a jamais été confirmée. L’autopsie montre seulement qu’ils n’ont pas été tués dans un bombardement, contrairement à de nombreux autres otages et à des dizaines de milliers d’enfants palestiniens. La famille a par ailleurs demandé aux médias de ne pas donner des détails de leur mort.

Un mot sur le contexte et les bombardements massifs sur des civils palestiniens aurait permis de rééquilibrer les choses, mais l’autrice de l’article, par interviews interposées, préfère désigner les « monstres » et les « génocidaires » dans un seul camp, celui du Hamas.

Par ailleurs le mot « pogrom », utilisé par certains interlocuteurs pour désigner les massacres du 7 octobre, permet certes d’en souligner l’horreur, mais il n’est pas approprié et il est critiqué par de nombreux historiens. Un pogrom était à l’origine un massacre de Juifs en Russie à l’époque des Tsars puis il est passé dans le vocabulaire courant pour désigner un déchaînement de violence contre une minorité. Or, les Israéliens massacrés le 7 octobre ne sont pas membres d’une minorité mais citoyens d’un État qui occupe, oppresse et colonise un autre peuple. Même le Mémorial de la Shoah n’emploie pas le terme de pogrom à propos du 7 octobre.

Enfin, l’instrumentalisation du 7 octobre pour stigmatiser LFI et le taxer d’antisémitisme est devenu un sport national dans de nombreux médias proches de l’extrême droite. Que ce soit le leitmotiv du Président du Crif n’était pas une raison pour qu’il soit retranscrit tel quel dans cet article qui n’aurait jamais dû être publié sur le site de France 3-Ile-de-France.

Que l’encadrement n’y voit rien à redire est le signe soit d’une incompétence, soit d’un parti pris inacceptable dans le service public (et la note de la rédaction de dernière minute ne change rien à l’affaire).

https://france3-regions.franceinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/on-pense-a-ceux-qui-sont-revenus-a-ceux-qui-ne-reviendront-jamais-et-a-ceux-qu-on-espere-encore-paris-commemore-les-victimes-du-7-octobre-3229343.html

 

Paris, le 13 ocotbre 2025

 

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