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Liminaire du CSE Siège20 et 21 novembre 2024Notre Drame |
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Dans quelques jours, sera retransmis sur France 2 en mondovision, la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Les images terribles de cet incendie du 15 avril 2019 qui a failli réduire à néant cet édifice vieux de presque 900 ans, sont encore dans toutes les mémoires. L’émotion sera planétaire et fera battre le cœur de centaines de millions de personnes, croyantes ou non, chrétiennes ou non. De l’émotion, mais c’est surtout de réflexion dont nous aurions besoin pour analyser les vraies raisons de cette catastrophe, car à ce jour, l’enquête piétine toujours : mégot ou court-circuit ? A ce stade, certaines vérités sont connues, et elles ne sont pas glorieuses. Ce soir-là au PC incendie, une seule personne était présente au lieu de deux, la sécurité de la cathédrale avait été confiée à une société privée, le pauvre homme qui a donné l’alerte n’était là que depuis 3 jours et n’avait quasiment aucune connaissance des lieux. Un rapport datant de 2016 avait signalé que les risques d’embrasement de Notre-Dame étaient élevés et que sa protection était insuffisante. Mais ce rapport avait été classé « secret défense » pour ne pas donner d’idées aux terroristes et pour rassurer les autorités. Certains experts avaient même affirmé avec aplomb qu’une charpente en chêne vieille de 600 ans ne brûlait quasiment pas. Tout le monde a vu... Pour couronner le tout, la seule grande échelle dépassant les 32 m avait été excommuniée en banlieue quelques années auparavant car elle n’était pas assez utilisée, soit en termes technocrates : elle n’était pas rentable … Beaucoup d’enfants ont rêvé être pompier un jour, mais certainement pas avec une échelle trop petite. Résultat de toute cette cascade de petits renoncements, les soldats du feu s’attaqueront véritablement à l’incendie environ 1h30 après son début. En plein cœur de Paris, au 21ème siècle ! Cette séquence devrait tous nous faire réfléchir et nous donner la température sur l’état de notre société actuelle. Il est paradoxal que dans l’histoire millénaire de la cathédrale, les dommages les plus graves se soient précisément produits au moment où le système de sécurité, considéré comme le plus avancé de l’histoire de l’humanité, était en place et les moyens les plus modernes pour lutter contre les flammes à notre disposition. Ce qui a détruit Notre-Dame, ce n’est pas le feu, ce sont les coupes budgétaires, les devis les moins chers, les externalisations. C’est Notre Drame. Cet incendie nous démontre que nous sommes aujourd’hui incapables de préserver ce que nos ancêtres nous ont légué, ce que des dizaines de générations avant la nôtre ont protégé. Car depuis cet incendie, quelles mesures ont été prises ? L’État est-il venu au secours de notre patrimoine ? Non, il a organisé un « loto » ! « A votre bon cœur messieurs dames ! » Et pour reconstruire notre cathédrale, les milliardaires ont participé à la quête « gloire à eux ! » Ceux-là même qui intriguent jusqu’au sommet de l'État pour payer moins d’impôts, ces impôts qui manquent cruellement à tous les services publics qui ne cessent d’être dévastés années après années. On est prié d’applaudir le tour de passe-passe, sans trucage, on voit tout, mais on ne dit rien. On ne mesure pas la richesse d’un pays à la longueur des yachts de ses milliardaires. Que serait la France sans son patrimoine ? Il serait stupide de comparer France Télévisions à Notre-Dame de Paris. Mais nous sommes néanmoins essentiels et parfois indispensables, on n’a pas cessé de nous le répéter durant le Covid, et nous l’avons réentendu à propos de notre couverture quasiment irréprochable des J.O. Pourtant, rien ne change, les budgets et les effectifs sont constamment réduits, les services sont à l’agonie, les salariés sont épuisés. Sur le plan national, les syndicats sont stigmatisés à longueur d’année par les politiques et les médias. « Ringards », « inutiles », « frein au progrès », sont les reproches les plus fréquents. Un autre drame… Pourtant dans tous les services publics, des voix s’élèvent chaque jour en interne pour préserver l’outil, les compétences et les effectifs. En considérant l’incendie de Notre-Dame, rien n’est ringard dans ces revendications. A France Télévisions le drame est en cours et la catastrophe imminente, dans les instances, nous essayons d’éteindre des départs de feux un peu partout. Nous nous battons pour conserver notre grande échelle.
Paris, le 20 novembre 2024
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